L'éloge du pas de côté
Mariette Navarro nous propose d’embarquer sur un cargo en compagnie de marins, ces êtres apparemment bannis de la terre. Tout a été planifié, le trajet le plus court a été tracé, chacun connaît son rôle et ce qu’on attend de lui. Pourtant, d’un commun accord, les hommes décident de stopper le bateau et d’aller se baigner une trentaine de minutes dans l’océan. Ça semble futile. Pourtant c’est du jamais vu. Les hommes plongent et Mariette dissèque les minutes, avec une poésie maritime elle aussi jamais vue. Elle offre pour un instant à l’océan et aux hommes une autre profondeur.
Mais voilà, lorsqu’ils remontent à bord du cargo, les hommes ne sont plus 20 comme initialement, mais 21. Une présence se fait ressentir. Le bateau lui-même semble désormais posséder sa propre sensibilité et son indépendance. Sa pompe fait des siennes. Sa vitesse décélère sans qu’on puisse se l’expliquer. Le brouillard encercle les humains, et il ne leur reste bientôt plus qu’à s’accorder sur le rythme du bateau. Quel message ce dernier tente-t-il de leur faire parvenir ? Se pourrait-il qu’il soit temps de prendre le temps, d’effectuer un pas de côté et de ne plus chercher à contrôler notre trajectoire ?